C’est au début du 18ème siècle qu’il faut remonter pour trouver la première trace de rollers, un Hollandais aurait monté des bobines sur des plaquettes de bois afin de pouvoir pratiquer son sport favori en été.


    On attribue généralement l'invention du patin à roulettes à John Joseph MERLIN. Né à Huyen en Belgique, en 1735, il était musicien en plus d'être ingénieur mécanique. Après sa jeunesse, il vécut à Paris pendant quelques années avant de s'installer à Londres en 1760. John Joseph fabriquait des machines mécaniques, des instruments de mathématique, des montres et surtout des instruments de musique. Un peu après s'être installé à Londres, vers 1760, il eut l'idée d'adapter le patinage sur glace à la terre ferme en fixant des rouleaux en métal sur une plaque de bois et ainsi fabriqua une astucieuse paire de patins qui permettait de se déplacer au moyen de roulettes métalliques. Un beau jour il se rendit à l'un des célèbres bals masqués qu'une certaine Mrs Cornely donnait dans sa demeure londonienne de Soho Square, chaussa ces patins et se mit à virevolter en jouant du violon. Mais l'enchantement cessa bientôt : incapable de freiner ou de maîtriser sa direction, Merlin se cogna contre un miroir de grande valeur, le pulvérisa, cassa son violon, et se blessa sérieusement. L'invention de John Joseph ne fut pas populaire sur le coup, ce n'est qu'après quelques améliorations et quelques expositions dans son petit musée privé qu'il fit connaître sa découverte. Ces nouveaux patins rappelaient évidemment la forme des patins à glace car Merlin s'était basé sur la forme de ces derniers pour son invention. Muni de trois roues alignées en métal, le patin était fait de bois. Des sangles en cuir s'occupaient d'attacher le patin au pied du patineur. le patin n'avait pas de freins et était difficile à contrôler à cause des sangles qui ne maintenaient pas les pieds assez fermement. John Joseph Merlin mourut à Londres en 1803 en s'écrasant contre la vitrine d'un magasin alors qu'il était chaussé de sabots munis de roulettes.

   L'idée fit rapidement son chemin, en France tout d'abord, avec Maximillian Lodewijik VAN LEDE originaire des Pays-Bas, où il naquît en 1759. Il se rendit à Paris en 1781 et fabriqua en 1789 sa première paire de patins à roulettes, que l'on nomma "patins à terre" par opposition aux "patins à glace".

    Trente ans après, le français PETIBLED, mécanicien, conçu un nouveau modèle de patins en bois, métal ou ivoire, à trois roues en lignes munis d'un butoir en guise de frein (vis placée sous le talon), le tout montés sur une chaussure ou garnis de courroies. Il déposa en 1819 le premier brevet au monde pour des patins à roulettes. Plusieurs démonstration furent couronnées de succès. Les patineurs parcouraient avec rapidité les longues avenues. Mais cet amusement n'eut qu'une durée éphémère pour trois raisons : les inégalités du terrain, le poids et l'imprécision des appareils.

    Dans les mêmes années, l'Ecossais John Spence, cordonnier, fasciné par tout ce qui était leviers et roues consacra la fin de sa vie à ses recherches : une moissonneuse et des patins. Il s'agissait en fait de patins à glace dont les lames étaient montées sur des roulettes. Mais ses recherches sur ses patins n'aboutirent pas.

    En 1823, Robert John Tyers, marchand de fruits de Piccadilly, conçut des appareils à fixer aux chaussures. Il les baptisa du nom de "volito" ("je voltige" en latin), premier ancêtre du patin en ligne,il avaient 5 roues alignées (comme sur les rollers de vitesse actuels !) en cuivre ou en fonte, un arrêtoir avant et une butée arrière. Il est intéressant de noter que les roues ont différents diamètres ce qui est le principe actuel du "Rockering".Tyers fonda, en 1823, la première école de patinage, elle fut installée sur un court de tennis désaffecté à Londres.

    La même année, à Bordeaux, Robinson présenta le premier spectacle sur patins à roulettes donné en France. Robinson fonda une école de patinage en 1824 à Bordeaux.

    Deux ans plus tard, August Löhner, horloger à Vienne, inventa, en 1825, des patins originaux, les seuls à cette époque dont les roulettes ne sont pas en ligne. Il estimait qu'avec ses "chaussures mécaniques à roues" on pouvait se déplacer sans effort.

    Puis en 1828, le français, Jean Garcin, Célèbre patineur à glace du premier Empire et de la Restauration avait écrit le premier livre publié en France sur ce sujet "Le vrai patineur, ou Principes sur l'art de patiner avec grâce" en 1813, eut l'idée de construire des machines à roulettes, grâce auxquelles il pourrait patiner en toute saison. Le 26 juillet 1828, il pose le brevet du CINGAR (anagramme de Garcin) ou patin à éclisses : 3 roulettes en ligne, cuivre ou corne et éclisses (ou montants) fixées au mollet pour éviter de se tordre les chevilles. Il en fabriqua jusqu'en 1839. En 1828, Garcin fit construire, près du bassin de La Villette, un "gymnase" ou "école du cingar" pour apprendre à patiner sur un sol préparé sans danger. Le plancher était formé de dalles bien jointes offrant une surface suffisamment lisse.

    Vingt ans après, en 1848, le Parisien Louis Legrand, créa un nouveau type de patins. Il eut la bonne idée de proposer aux débutants un modèle spécial, rendus plus stables par des roues doubles, diminuant les risques de chutes.

    En 1848, un original nommé Constant, exécutait des prouesses en patins à roulettes sur l'asphalte environnant l'Obélisque de la Concorde. Or le compositeur berlinois Meyerbeer logeant au Rond Point des Champs Elysées, remarqua Constant, tandis qu'il composait son opéra "Le Prophète". Cette pièce eut un tel succès qu'on la joua bientôt au Covent Garden de Londres, puis à La Nouvelle Orléans. En 1849, le théâtre de la Nation, monta l'opéra "Le Prophète" qui comportait un ballet de patineurs. On demanda à Legrand de fournir les patins et d'enseigner la pratique aux danseurs. Les danseurs ont immédiatement senti le parti qu'ils pourraient tirer des patins à roulettes. En 1849, Constant fonda, à Passy, un petit gymnase au sol dallé et bitumé dans lequel il donnait des leçons de patinage.

    En 1852, l'Anglais John GIDMAN créa les premiers patins sur roulements à billes, 4 roues ( une à l'avant, une à larrière et deux placées latéralement ). Il déposa un brevet, mais son invention passe inaperçue.

    Loisir populaire, les patins à roulettes ne cessèrent par la suite de se transformer, de se renouveler, au fil des modes.

    En 1863, l'Américain James Leonard PLIMPTON, père du patinage moderne, né en 1828, inventa les patins modernes. De santé fragile et sur les conseils de son médecin qui lui recommandait de faire du patin à glace, Plimpton imagina des patins à glace à quatre petites lames : deux à l'avant et deux sous les talons. Cette idée ne fut pas un succès mais son adaptation aux patins à roulette s'avéra géniale. Le patin, appeler rocking skate (patin à bascule), repose sur quatre roues en bois montées sur deux essieux rendus mobiles par des articulations (c'est la naissance des quads ou patins traditionnels). Plimpton essaya avec la technologie de son temps de réduire l'usure occasionnée par le frottement des roulettes en sertissant une bague de bronze à l'intérieur du trou de l'essieu des roues et en munissant ses patins d'un système de lubrification : une vis sans fin entraînait vers les points de friction la graisse contenue dans un réservoir. Ces patins n'étaient pas vendus aux particuliers mais à des propriétaires de patinoire qui les louaient à leur clientèle et assuraient ainsi les meilleures conditions de maintenance et d'utilisation. Plimpton lui-même fit construire de nombreuses patinoires aux pistes en bois en Europe et aux Etats Unis. Bien que son invention fût protégée par des brevets, Plimpton eut de nombreux imitateurs. Il continua d'améliorer son invention jusqu'en 1884 date à laquelle ils furent supplantés par ceux de Richardson. En France, les patins de Plimpton furent présentés à l'Exposition universelle de 1867 et furent importés au cours des années suivantes. On produisit ensuite les patins Spiller (marque anglaise) pendant que de nombreux fabricants français se lançaient dans leurs propres créations. Le problème majeur subsistait : celui du graissage des roues, qui n'étaient pas encore montées sur roulements à billes. Les roulements lisses se grippaient dès que le lubrifiant venait à manquer, et prenaient rapidement du jeu. De plus la graisse faisait du patin un objet salissant. Malgré leur supériorité, les patins de Plimpton ne détrônèrent pas complètement les modèles à roues alignées. Ils étaient plus légers, ne demandaient aucun réglage et leur prix de revient était moindre. La réussite de Plimpton stimula les inventeurs et l'on vit une floraison de modèles insolites : à trois, six ou même huit roues ! L'invention de Plimpton déclencha aux Etats Unis une véritable passion collective qui culmina au début des années 1870 et déferla sur l'Europe en commençant par l'Angleterre. On créa de nombreuses patinoires qui prirent le nom de skating-rinks. Le premier fut construit en 1863 à New York. La mode du patinage à roulette atteignit son apogée en Europe en 1876. Londres et sa banlieue comptaient plus de soixante patinoires, les pistes étaient en ciment, en bois ou en asphalte. Certaines étaient dallées de marbre, fréquentées par une clientèle aristocratique. La mode gagna rapidement le continent, puis Paris où l'on vit apparaître plus d'une quinzaine de patinoires qui firent très vite concurrence au bals publics. Les skating-rinks s'adressaient à une clientèle aisée. Après les épreuves politiques et économiques dues à la guerre de 1870, la bourgeoisie manifesta un appétit de luxe et de plaisirs d'autant plus effréné qu'elle doutait de la stabilité du pouvoir. Puis, cette distraction se démocratisa. En 1875, au rond-point des Champs Elysées la première patinoire fut inaugurée. Autour de la piste de 1.000 mètres carrés on aménagea un jardin d'hiver, un café, un restaurant, des buffets et des bars américains. On y donnait des fêtes et des concerts. L'illumination électrique constituait une nouveauté qui contribuait à l'ambiance luxueuse du lieu. Le skating-Palais du Bois-de-Boulogne était encore plus somptueux et proposait une piste de 2.000m2. On y donnait des fêtes au cours desquelles des virtuoses du patinage exécutaient leurs prouesses. Ces deux skating-rinks étaient couverts. Celui du Faubourg St-Honoré innova en proposant une piste en plein air dallée de marbre blanc de Carrare. Le skating-rink de la Chaussée d'Antin se distinguait par son architecture d'avant-garde : sa charpente métallique reposait sur des colonnes de fonte, sa piste en bitume était recouverte d'un enduit à base de poudre d'ardoise appliquée à chaud, puis polie. Le bal Bullier était célèbre. On transforma une de ses salles pseudo-mauresques en patinoire. On y organisait des tombolas, des tournois, des courses etc. Midinettes et étudiants de quartier latin s'y donnaient rendez-vous et y faisaient régnaient une chaude ambiance. Nombres de ces bals adoptaient une formule mixte : s'ils disposaient de plusieurs salles, l'une d'entre elle était consacrée au patinage, s'il n'en n'avait qu'une, certains jours de la semaine étaient réservés aux patineurs. On pouvait également patiner dans les cafés-concerts : à l'Alcazar Rouge ou aux Folies Bergères, fréquentés par un monde interlope. De nombreux autres établissements proposaient des pistes tous avaient leurs pistes spécialisés. Cette mode ne dura que quatre ans et les dernières patinoires durent fermer leurs portes en 1880. La grande vedette des années 1860 fut l'américain William Fuller. Il fut engagé par un directeur de cirque australien pour étonner ses compatriotes. Sa première apparition au Théâtre Royal de Melbourne fut un triomphe et dès ce moment-là le patinage à roulette fit fureur en Australie. Contemporain et compatriote de Fuller, Jackson Haines fut également un excellent patineur. Maître de ballet à Philadelphie, il est le premier à introduire la danse dans le domaine du patinage. Il inventa la pirouette assise. Il était critiqué dans le milieu du patinage peu favorable à la liberté de son style. Durant la période 1876-1880, les patineurs obéissaient à des règles vestimentaires très précises. Ils portaient le veston, la redingote ou l'habit à queue et se coiffaient d'un chapeau melon ou d'un haut de forme. Les gants clairs formaient un contraste avec l'habit foncé. Le monocle ajoutait une pointe de distinction et le port de la canne contribuait à l'élégance tout en assurant l'équilibre. Les dames portaient le chapeau Rubens à plumes flottantes, les jupes étaient ajustées à la hanche, ornée de rubans, s'élargissait à la base et ondulait au gré des mouvements. Elle chaussait des bottines à hauts talons. Une bourse, des gants, un éventail, une châtelaine étaient indispensables pour parfaire cette tenue. Rares furent les femmes qui osèrent le pantalon !

Patin de marque inconnue de 1876
U.S.A. - 1880
U.S.A. - 1880

    En 1884, l'Américain Levant Marvin RICHARDSON reprend l'idée de John GIDMAN et monte des roulements à billes sur les roues de patins en bois, aluminium ou fibres sur des roulement à bille et des essieux fixes, et perfectionna système de Plimpton en rajoutant des coussinets cylindriques en caoutchouc qui ramènent les essieux en position d'équilile (le premier truck), cette amélioration relance la mode aux U.S.A., puis en France et Angleterre, à travers la création de patinodromes.

Grande Bretagne - 1893
Grande Bretagne - 1909
Grande Bretagne - 1910
Grande Bretagne - 1910
Grande Bretagne - 1910
Grande Bretagne - 1910
France - 1912
France - 1912
France - 1922

    Enfin, l'une des derniéres grandes inovations techniques fut les roues en polyuréthane en 1979.

    Des modèles équipés de pneus et de chambres à air apparaissent en 1987.

    Les rollers en ligne voient le jour aux USA en 1980 grâce à Scott et OLSSON, hockeyeurs, qui remplacèrent la lame de leurs patins par une platine avec 4 roues alignées. Les frères Olson furent rapidement repérés lors d’un show à Las Vegas par le propriétaire italien de ROCES avec qui ils passèrent un contrat : ROCES gère la recherche et le développement des rollers et OLSSON, sous la marque ROLLERBLADE, s'occupe de la promotion et la commercialisation du produit.

    A droite : Un des premiers patins en ligne de la firme Rollerblade comme le montre le logo de la marque sur l’arrière du châssis.

     ROCES se sépara plus tard de ROLLERBLADE pour lancer ses propres gammes de rollers en ligne sous la marque ROCES. Rollerblade prit réellement son envol en 1985 lorsque Robert Naegele a racheté l’entreprise. Rollerblade fut successivement une filiale du groupe Benetton Sports System et de Tecnica depuis 2003. La marque s’est tellement développée qu’elle en est devenue un terme générique. Dans les années 90, on parlait d’acheter des « Rollerblade » en désignant l'objet et non la marque (comme Frigidaire pour les réfrigérateurs) . Cette situation inquiète le fabricant qui craint une perte de reconnaissance et d’identité au profit des concurrents. Le groupe BSS a estimé sa part du marché mondial à près de 50% en 1998. Cette part devrait décroître dans les années à venir dans la mesure où de nombreuses marques et de grands fabricants d’articles de sports s’intéressent au roller en ligne. Même si quelques marques montantes comme Salomon ont réussi sur le marché européen. Au niveau mondial, Rollerblade semble encore être leader en 2003, son principal concurrent étant toujours Roces.

    Des modèles équipés de pneus et de chambres à air apparaissent en 1987.
Grande bretagne - 1980
Italie - 1980
France - 1987
U.S.A. - 1989

    Le roller est devenu un sport et un loisir populaire, d'ailleurs proposé en démonstration aux jeux Olympiques de 1992. Dès 1910 fut fondée la Fédération des patineurs à roulettes de France (FPRF), qui organisa les premiers championnats de France sur piste. Elle a changé de nom ensuite, en F.F.S.P.R. (Fédération française des sports de patinage à roulettes), puis en 1990, en F.F.R.S. (Fédération Française de Roller Skating). En 1999, elle siège à Bordeaux et regroupe plus de 26 600 licenciés pour 2 millions de pratiquants en France, 565 clubs, 43 comités départementaux et 19 ligues, répartis sur l'ensemble du territoire.

    Dans les années 60, le patin à roulette donna naissance au skateboard, en effet ce sport a fait son apparition vers 1960 en Californie, soit environ 180 ans après le patin à roulettes, contrairement à se que pense certains pratiquants de cette planche à roulettes, lorsque des surfeurs eurent l'idée de fixer une petite planche de surf à des patins à roulettes. Très rapidement, les planches à roulettes furent fabriquées et commercialisées à grande échelle. Vers la fin des années 1970, la mode de la planche à roulettes avait gagné le monde entier. En 1977, le premier championnat du monde officiel eut lieu à Long Beach en Californie. Dans les années 1980, le nombre de pratiquants diminua progressivement et au début des années 1990, la planche à roulettes était en déclin dans la plupart des pays.